ANALYSE D'ARTICLE

Effets combinés de différents perturbateurs endocriniens sur la glande prostatique

La prostate est la glande exocrine la plus volumineuse de l’appareil urogénital masculin. C’est une glande importante du système reproducteur masculin ; elle sécrète un liquide légèrement alcalin qui, chez l’homme, constitue généralement environ 30 % du volume du sperme.

Le cancer de la prostate est le cancer le plus commun chez l’homme (sous la forme d’un adénocarcinome pour la plupart des cas) et la seconde cause de mortalité chez l’homme en Occident. La prostate est physiologiquement sous contrôle des hormones dont le déséquilibre peut provoquer l’apparition de diverses maladies, de l’hyperplasie bénigne au cancer, hormono-dépendant, de la prostate. Le mode de vie occidental semble jouer un rôle central dans l’étiologie du cancer de la prostate. L’homme occidental à une incidence jusqu’à 15 fois plus importante que celle des hommes asiatiques. Les facteurs de risque les plus connus sont l’âge, l’origine ethnique, l’historicité familiale de la maladie, du mode alimentaire, mais les évidences biologiques et expérimentales appuient l’hypothèse du rôle de la contribution de l’environnement chimique dans cette augmentation.

Une étude in vitro réalisée sur des métastases de cellules du carcinome de la prostate a montré que les polychlorobiphényles (PCB) de type dioxine interfèrent avec l’expression des gènes activés par les voies androgéniques. La localisation et l’expression des principaux récepteurs stéroïdiens, les fenêtres de vulnérabilité et la susceptibilité génétique sont des facteurs clés, en interaction, devant être pris en compte pour l’analyse des modes d’action à l’origine des effets néfastes. Les différentes typologies stéroïdiennes de perturbation endocrinienne sont suspectées d’être impliquées dans le cancer de la prostate : œstrogéniques, anti-œstrogéniques, androgéniques et anti-androgéniques. Bien que les androgènes soient essentiels pour la croissance et le fonctionnement de la prostate, les œstrogènes jouent également un rôle important dans l’homéostasie et le déclenchement des maladies de la prostate.

Les expositions prénatales peuvent induire des changements irréversibles qui déterminent la propension à déclencher des pathologies à l’âge adulte. Les études expérimentales chez les rongeurs ont montré qu’après une exposition à de fortes concentrations d’œstrogènes quelques jours avant la naissance, la distribution des récepteurs œstrogéniques et androgéniques est largement modifiée entraînant un phénotype œstrogénisé précoce (induction du récepteur de la prolactine) à l’origine de défauts de croissance, de différenciation cellulaire et de futures potentielles hyperplasies. Une étude épidémiologique montre des associations avec une diminution de la distance anogénitale, renforçant l’hypothèse d’un effet lié à une exposition précoce aux anti-androgènes.

L’interaction entre les androgènes et les anti-androgènes promeut la prolifération cellulaire en activant la réponse des gènes et les mécanismes associés de croissance.

Il a été également montré qu’une exposition précoce aux anti-œstrogènes peut augmenter le risque de lésions précancéreuses. Des études ont montré des associations entre les niveaux de différents congénères de PCB et de pesticides organochlorés et une augmentation de risque du cancer de la prostate. De nombreux arguments sont en faveur d’un effet co-carcinogène des perturbateurs endocriniens (PE) sur le cancer de la prostate, essentiellement chez les agriculteurs qui appliquent des pesticides. La caractérisation des effets cumulés des multiexpositions aux PE est difficile à mener en raison de la complexité à extrapoler les résultats à d’autres mixtures de substances chimiques qui peuvent avoir différents modes d’action.


Publication analysée :

* De Falco M, Laforgia V. Combined effects of different endocrine-disrupting chemicals (EDCs) on prostate gland. Int J Environ Res Public Health 2021 ; 18(18) : 9772. Doi : 10.3390/ijerph18189772.